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Motivation

N’arrête jamais d’y croire!

« Un peu de nous »…

J’ai toujours voulu être maman, bien sûr comme beaucoup de petites filles me direz-vous… Mais quand j’avais l’âge de jouer à la poupée , moi, réellement je souhaitais que ce soit un vrai bébé… Et puis les années sont passées et bizarrement une peur revenait souvent, comme un mauvais pressentiment… je me voyais dans un cabinet médical avec mon « mari » et entendre nous annoncer qu’on ne pourrait pas avoir d’enfant… C’était juste une vision mais qui semblait réelle…

Et puis en 2002, à 16 ans, j’ai rencontré mon Amoureux, j’ai tout de suite su que ce serait lui, que notre histoire allait durer, que ça serait le père de mes enfants !

Au bout d’un mois, nous parlions déjà de notre avenir, de notre maison, de nos enfants, de toute notre vie ensemble !

Nous passions des heures à faire des plans sur la comète… On avait tellement hâte et ça nous paraissait si loin… Nous n’étions même pas majeurs !… A l’heure où beaucoup pensaient qu’à s’amuser, nous nous rêvions adultes !

Nous n’avons cependant pas pris le chemin le plus court puisque tous deux nous avons choisi de faire de longues études… C’était interminable… Mais c’était pour après, pour assurer notre vie future !

Enfin, l’été 2008 est arrivé et nous avons emménagé ensemble ! Dans ce petit appartement avec deux chambres, parfait pour notre future vie à 3 ! Notre vie à deux commençait, le temps de trouver un travail et ça y est on y était ! Enfin… J’avais l’impression d’avoir attendu toute ma vie ce moment où l’on se dit à demi-mot « et si maintenant on faisait un bébé »… Décembre 2009, c’était enfin le « bon » moment ! Nous avions 24 ans !

« La vie c’est mieux quand on est amoureux »

Je me souviens encore de l’excitation de réaliser qu’on essaie vraiment, que ça peut marcher à tout moment, que là tout de suite je peux être enceinte… que dans neuf mois on peut avoir un bébé à nous, moitié moi et moitié toi… magique !

Premier mois rien, normal le temps que tout se remette en place…

Deuxième mois, non plus…

Sixième mois, je commence à me poser des questions… c’est long… et j’ai tellement hâte !!

Ma gynéco me fait passer des examens juste pour voir ! Je commence les courbes de températures, tous les matins, dès le réveil avant de poser un pied parterre ! Pendant des mois… Puis des tests d’ovulation, des rendez-vous à J+12, +14… L’hystérosalpingographie, fichu examen…, mais tout va bien, tout est normal… ça fait un an… je stresse alors bien plus… je le sais c’est bien plus facile de solutionner un problème d’ovulation qu’un souci masculin… Les premiers résultats au microscope ne sont pas bons… et le premier spermogramme tombe… 11 % de forme typique, asthénospermie et tératospermie… On y connaît rien, ça n’a pas l’air terrible… En effet, ce n’est pas très bon mais il faut attendre un deuxième pour que les résultats soient fiables, une fièvre il y a quelques semaines peut altérer les résultats, cela nous rassure un peu… on doit donc attendre encore trois mois pour le refaire…

Je trouve alors « le » job en or, celui que j’attendais, on suspend tout pendant ma période d’essai et j’ai besoin de m’investir à fond, penser à autre chose, et puis on fatigue un peu je crois…

Puis on espère de nouveau, cette coupure essai bébé nous a fait du bien, on part en voyage et à notre retour, on consulte de nouveau.

Le deuxième spermogramme arrive par courrier. Je me souviens de nous assis dans notre canapé, moi, stressée mais pleine d’espoir, Thomas hyper confiant. Je nous revois ouvrir cette fameuse enveloppe qu’on attendait depuis des jours… et ne pas en croire nos yeux…

Les résultats sont pires que les premiers… 9 % de typique… peu mobiles… tous porteurs d’anomalies… je pleure des jours entiers… j’attends le rendez-vous avec la gynéco… et cette question qui me hante est-ce qu’on pourra un jour avoir un enfant… Je suis inconsolable… Thomas s’en veut… On a un peu de mal à être là pour l’autre…

« Vous aurez un bébé, pas naturellement, mais vous en aurez un ! »

Enfin, le rendez-vous arrive pour parler des résultats. Et il n’y a pas d’autres alternatives, nous devons faire une FIV ICSI. Ma gynéco nous certifie que nous pouvons être confiants ! Cette technique permettra d’avoir notre bébé…

Je devrais être contente car elle nous annonce qu’il y a un moyen mais je retiens mes larmes devant elle… J’ai du mal à encaisser, il faut que je me fasse à l’idée… faire le deuil d’un « bébé couette », le deuil de me sentir bizarre, me demander si je ne suis pas enceinte, faire un test, pouvoir l’annoncer au futur papa trop surpris, heureux comme jamais… je dois juste digérer la nouvelle…

Je reprends vite le dessus car il y a de l’espoir, nous devons nous estimer heureux, aller de l’avant ! La médecine va nous aider, nous avons beaucoup de chance !! Dix auparavant, nous aurions eu que nos yeux pour pleurer… Nous allons y arriver ! Nous aurons notre bébé !!

Octobre 2012, nous entrons un peu impressionnés pour la première fois au CECOS. Et là, la magie opère, nous rencontrons le Docteur Olivia G., adorable, humaine, compétente, rassurante ! Tout est très technique, il y a beaucoup d’informations à emmagasiner mais elle nous demande quand nous pouvons commencer ! L’espoir, enfin l’espoir !! On se rapproche de notre bébé !!

Nous venons d’acheter notre maison et nous déménageons à Noël, c’est beaucoup trop stressant pour elle pour attaquer une FIV, ça risquerait de la faire échouer et il n’y a pas beaucoup de tentatives, elle nous conseille d’attendre que tout soit passé. Je suis déçue, un mois me semble un an… mais notre FIV est programmée pour Février 2013 ! Nous sommes impatients !

Nous décidons d’en parler autour de nous, famille, amis, et également au travail… cela nous semble plus simple, nous n’avons pas envie de mentir, cacher la vérité. Je vis de plus en plus mal les «  et vous c’est pour quand ? »… ça paraît si anodin, mais quand on attend depuis des années, cela fait mal… Et puis, cela sera plus simple pour justifier mes prochaines absences répétées alors que je n’ai jusque là jamais été absente et qu’on nous demande au quotidien de tout donner !

Le lendemain, je parle donc à mes managers. Je pleure pour la première fois dans mon environnement professionnel, je dois apprendre qu’on a le droit parfois d’être vulnérable, juste humain… Je reçois du soutien, de la compréhension, je suis soulagée ! L’aventure PMA commence donc !…

« Toujours garder espoir ! »

Nous y sommes, Février 2013, nous commençons notre première FIV! Nous sommes excités, impatients, confiants, un peu stressés aussi ! On tente enfin quelque chose, on avance et c’est tout ce qui compte !

Tous les matins, on se lève à 5h45 pour être au Cecos à l’heure pour l’échographie et la prise de sang quotidiennes. Thomas est là, tous les jours, il m’accompagne avant d’embaucher. C’est notre façon de faire notre bébé !

Les premiers jours se déroulent bien, il faut juste prendre le rythme ! Puis, je commence à ressentir vraiment les douleurs de la stimulation, je ne fais plus que des journées canapé-télé.

Le matin de la ponction arrive ! Et heureusement car je n’arrive quasiment plus à marcher tellement j’ai mal… Je stresse, j’ai peur de la douleur, du résultat, je suis fatiguée, je ne pensais pas que ce serait aussi intense…

14 ovocytes ponctionnables, 9 recueillis, nous sommes vraiment heureux !

Je me repose quelques heures dans ma chambre d’hôpital, j’ai vraiment, vraiment très mal… Je n’arrive pas à tenir debout, on me fait une échographie de contrôle, tout semble allait, je peux sortir…

Impossible de marcher, la douleur est trop forte, je vais me reposer et je me dis que ça va passer !

Enfin chez nous, je dors, je n’arrive plus vraiment à me réveiller. Mon père est venu me rendre visite, il me porte jusqu’à mon lit, Thomas me donne à manger pour que je reprenne des forces. Thomas me réveille régulièrement, j’ai trop mal, j’essaie de me lever, je fais un premier malaise, je m’allonge un peu, je me relève, deuxième malaise, il rappelle l’hôpital. Ils demandent à ce que je revienne, nouvelle échographie de contrôle, l’interne ne voit rien mais préfère me garder pour la nuit. Je fais malaise sur malaise, impossible de me poser la perfusion, on ne voit plus mes veines d’habitude si visibles… Thomas rentre tout seul, je dois voir notre gynéco le lendemain.

Il y a beaucoup de monde, j’attends jusqu’au midi, j’ai moins mal mais la gynéco demande une troisième échographie ce n’est pas normal que je ne puisse pas tenir debout…

Je m’installe sur ce lit tout froid, j’ai froid tout le temps et sommeil… Le médecin regarde son écran, s’arrête, passe un coup de fil pour réserver un bloc en urgence pour une patiente… Visiblement elle avait des choses plus urgentes que moi à gérer ! Elle m’explique qu’elle a terminé, je lui demande si je peux donc rentrer chez moi de suite. Elle me répond que non, je fais une hémorragie interne, je pars au bloc immédiatement…

« C’était un mardi »

J’appelle Thomas, je lui explique, il est en route mais je ne pense pas pouvoir le croiser… je lui dis que je l’aime, que j’ai peur, à tout à l’heure… Je vois l’anesthésiste et on m’emmène… Dans le couloir, un ascenseur s’ouvre, c’est mon amoureux, il me dit qu’il est là qu’il m’attend !

Je suis au bloc, tout le monde s’agite autour de moi, ils sont nombreux… J’ai juste le temps de dire au chirurgien qu’il faut absolument me réveiller… Je ne maîtrise plus rien, je dois compter sur ma chance, sur ma bonne étoile, sur la médecine. Je ferme les yeux, je me dis que je n’ai pas assez profité, que je n’aime en réalité pas ce que je fais, que si je me réveille je changerai beaucoup de choses dans ma vie… Je réalise à cet instant combien la vie est précieuse, qu’il faut vivre la vie qui nous inspire, je ne veux pas que ça s’arrête, j’ai l’impression que tout bascule… Je pense à mon chéri, mes parents, mes frères…

Et puis je me réveille !… Je suis vivante ! Vivante ! Je n’ai jamais été autant soulagée ! La chance putain !…

Rapide état des lieux, j’ai un masque à oxygène sur le visage, je vomis dedans… Bon retour à la vie !

Je suis perfusée à chaque bras, j’ai trois cicatrices et un tuyau qui sort du ventre… Mais je suis vivante !

On me remonte dans ma chambre, Thomas et mes parents m’attendent. Ça fait des années que je n’ai pas vu mes parents dans la même pièce… Ils sont tous les trois touts blancs, l’opération devait durer quarante-cinq minutes, elle a duré trois heures… Ils ont eu peur, ils sont soulagés, ils me câlinent, me prenne en photo, ils sont tous vraiment heureux ! Moi, je n’ai aucune force, j’ai mal, je vois flou… Je n’ai jamais eu autant envie de pleurer mais je ne peux pas me permettre, je dois économiser mes forces… Je veux sortir le plus vite possible pour le transfert ! On vient m’expliquer que je vais rester quelques jours, j’ai perdu près d’un litre de sang…

Olivia G., notre médecin du Cecos passe me voir tard le soir. Assise sur mon lit, me tenant la main, elle m’explique que ce qui s’est passé est vraiment très rare, moins de 0,5% des cas… Qu’elle est vraiment désolée mais que je ne suis pas en état pour le transfert, qu’il faut que je récupère et qu’il vaut mieux attendre trois ou quatre mois… On y était presque, ça devait être maintenant et on repart pour des mois d’attente, cela me semble une éternité, je suis tellement triste…

Thomas la retrouvera tard le soir dans son bureau à ressortir des études, chercher ce qu’il s’est passé…

Je ne peux pas dormir, j’ai mal et les antidouleurs me font vomir… je vois toujours flou… je me répète « un pas après l’autre »… je vais remonter !

Mercredi. Chaque jour me rapproche de la sortie, je m’accroche à ça ! Je ne peux pas me lever, je suis toujours branchée de partout. Une aide-soignante me lave, elle est douce, quel beau métier d’aider les gens comme ça… je lui suis vraiment reconnaissante. Ma mère me fait un shampoing sec qui sent bon mais je n’ai pas mangé depuis je ne sais même plus quand… lundi matin peut-être ou dimanche… l’odeur m’écœure… mon père m’apporte deux petites peluches… je les garderais pour me rappeler… Un jour mes enfants joueront avec, j’y crois !… Thomas ne me quitte pas.

Jeudi. On me met debout, si demain j’arrive à atteindre la porte seule, je pourrai sortir ! Mais c’est qu’elle est loin cette fichue porte ! Mais, j’ai retenu, demain je sors ! Obligé !

Vendredi soir, je rentre chez moi changée à jamais ! J’ai survécu à ce que je n’aurai jamais imaginé, je me jure de profiter le reste de ma vie !!

« Ta deuxième vie commence le jour où tu comprends que tu n’en as qu’une »

De retour à la maison, j’ai l’impression d’être une princesse… En convalescence, mais une princesse quand même ! Mon chéri prend encore quelques jours pour rester avec moi, il est attentionné au possible, présent, parfait… Je me repose entièrement sur lui… Il me prépare tous mes plats préférés pendant une semaine, on se balade en voiture pour que je sorte un peu de la maison, on passe devant tous les endroits qui ont eu une importance dans ma vie, un petit pèlerinage, je revis ma vie ! J’ai besoin de me souvenir de tout ! On dit souvent que quand c’est la fin, on voit sa vie défiler… Et bien, moi j’ai eu besoin après cette frayeur de revivre mes souvenirs d’enfance, d’adolescence, de me rassurer sûrement, retrouver mes repères, profiter, juste profiter !

N’ayant pas pu faire le transfert, ils ont congelé nos embryons. Deux super J+ 2 selon eux et un beau blastocyste un J+5 ! J’ai hâte d’être remise, de récupérer ce tout petit qui est à nous, qui nous attend et qui devrait être dans mon ventre. J’y pense tout le temps, c’est mon objectif pour récupérer au plus vite ! Mais c’est très long, les douleurs et cette satanée fatigue qui ne passent pas, ils avaient raison quand ils parlaient de trois ou quatre mois pour être remise complètement ! On décide de changer d’air dès que possible !

Mai 2013, on part passer quelques jours à Barcelone, on visite, on découvre, on sort ! Que ça fait du bien, on retrouve notre vie d’avant ! On rentre, la date du transfert approche ! On y est enfin, ça ne peut que marcher, après tout ce qu’on a traversé, on mérite que ça marche !

J’y crois de toutes mes forces ! Le Cecos décide d’implanter les deux embryons J+2 qui étaient de très bonne qualité ! On se fait tout un film, et si on avait des jumeaux !… Et si, et si…

Le jour J arrive enfin, on appelle le Cecos comme convenu pour savoir à quelle heure on doit se présenter, et là, surprise totale, les embryons n’ont pas tenu la décongélation… J’ai du mal à y croire… Ils me disent de continuer le traitement, ils décongèlent le J+5, on fera le transfert dans quelques jours, l’espoir revient !!

« On y croit »

Fin mai 2013, nous voilà donc enfin dans cette salle de transfert avec plus de trois mois de retard !…

C’est la salle que j’attendais, mon Graal, qui commençait à me paraître inaccessible !

Nous sommes heureux, notre tour arrive, j’y crois dur comme fer ! On se tient la main, on s’aime, c’est tout de même un moment juste à nous et c’est beau je trouve ! C’est notre histoire, peu importe au final comment on le fait ce bébé, il a des parents qui font déjà tout pour lui !

L’attente commence, les jours semblent une éternité… La veille du résultat est un huit juin, notre date, on fête nos onze ans ensemble ! C’est un signe ça !

J’ai peur, l’enjeu est immense… Un échec signifierait une nouvelle FIV, un nouveau risque pour moi, des mois supplémentaires qui nous éloignerait encore de notre bébé… Et puis si petit soit-il, ce petit embryon est le nôtre, le seul qu’on est jamais fabriqué… Le matin du résultat, les sentiments s’entremêlent, l’excitation, la joie, le stress… Ce midi, nous aurons soit la plus grande joie de notre vie, soit une immense déception… Il faut que ce soit positif ! Sur la route, on s’amuse à voir des signes là où il n’y en a pas mais on s’en fiche on rit, c’est une belle journée, ça va le faire… Je fais ma prise de sang, il faut revenir chercher le résultat dans quelques heures, nous allons nous promener main dans la main. Nous nous projetons… C’est beau tout ce qui nous attend ! Ça fait tellement envie !

Nous rentrons, nous passons par le laboratoire récupérer notre lettre, celle qui peut changer notre vie ! Nous ne pouvons attendre d’être à la maison, Thomas me dit de l’ouvrir, je l’ouvre avant même de remonter dans la voiture ! Et là, je n’en crois pas mes yeux, je suis stupéfaite, je n’arrive plus à parler… c’est négatif…

«  Jamais deux sans trois »

Je passe ma journée à pleurer toutes les larmes de mon corps dans notre lit dans les bras de mon chéri, je ne lis même pas les messages qui arrivent pour nous consoler… Tout le monde nous dit qu’on va recommencer et que ça marchera, mais à quel prix…

C’est la première fois qu’un petit mélange de nous a existé et c’est terminé… Il s’est arrêté dans mon ventre. Ça me fait mal, très mal… Mon frère nous dit de venir, de ne pas rester seuls… Moi j’ai juste envie de rester là et pleurer sans m’arrêter. J’essaie de me raisonner, me dire qu’il y a pire mais j’ai juste besoin de laisser sortir ma tristesse, ma colère, ma déception. Après tout ce que j’ai enduré, je trouve que c’est injuste…

Thomas, lui, veut sortir qu’on se change les idées… Ma belle-sœur nous fait un gâteau de crêpes au Nutella, mon frère nous fait des brochettes de bœuf au fromage, tout ce que j’aime, ils sont là pour nous, pour nous remonter le moral, ils nous font rire, penser à autre chose et ça marche, j’arrête de pleurer. Je rentre apaisée, nous allons recommencer et encore recommencer si besoin jusqu’à ce que ça marche ! Je dois y croire, je n’ai pas le choix !

Nous nous projetons donc vite sur cette deuxième FIV de Novembre 2013. Nous connaissons le protocole, nous avançons en terrain connu… Juste avant Noël, ça pourrait être le plus beau des cadeaux !

Petite appréhension pour la ponction qui sera désormais toujours faite sous anesthésie générale pour prendre le moins de risques possible !Tout se déroule bien, repos maximum pendant les piqûres, je réagis bien à la stimulation, la ponction se passe bien cette fois ! A J+2, ils mettent cinq embryons en culture prolongée, ils veulent implanter un blastocyste pour avoir plus de chance qu’il tienne. Je suis impatiente, tout paraît si simple! Nous appelons donc le Cecos le jour du transfert pour savoir combien, à quelle heure on se présente…On veut récupérer notre bébé !! A la voix du biologiste, je comprends vite que nous allons devoir encore attendre notre miracle… Aucun embryon n’a tenu… Il faut tout recommencer… encore une fois…

« Se retrouver, vivre, profiter… »

Un certain dimanche tout gris et tout froid de Janvier, nous décidons sur un coup de tête de réserver un voyage en amoureux pour partir loin, très loin, le plus vite possible.

Nous voulons nous retrouver, nous ressourcer, souffler avant cette troisième FIV qui nous attend. Décompresser, s’évader, nous avons vraiment besoin d’un break, couper de tout ! Les échecs, le boulot, comme un besoin vital de changer d’air… Nous nous envolons donc pour la Saint-Valentin pour Antigua et Barbuda, une île à l’autre bout du monde, une destination peu connue en France, très peu de touristes français… juste nous deux, la plage, des locaux avec un cœur immense, une autre façon de vivre, le dépaysement total ! C’est exceptionnel, nous avons de la chance et je le sais, je savoure, je profite mais malgré tout, j’ai beaucoup de mal à couper… Je sais ce qui m’attend en rentrant, un protocole long cette fois, bien plus dur que les précédents qui n’ont déjà pas été évident, je sature…

Un soir, après un dîner, sur la plage face à la mer, Thomas me propose d ‘aller nous poser un peu sur le sable pour regarder les étoiles. Je suis fatiguée, le décalage horaire ne me réussit pas très bien ! Je lutte pour ne pas m’endormir à 20h, et je préfère rentrer… Il insiste, beaucoup ! J’accepte, il a raison il faut profiter au maximum. Et là, sur une plage idyllique à 7000 kilomètres de chez nous, il me murmurer à l’oreille de devenir sa femme… Je crois rêver, je n’en reviens pas… Se marier n’avait jamais été un projet… Je ne pensais même pas en avoir envie ou besoin mais à cet instant, ça a tout changé, il a tout changé…

« Ils vécurent heureux… »

Nous rentrons en France, je sens que quelque chose a vraiment changé en moi, je ne saurais expliquer quoi… J’ai bien sûr hâte de commencer notre troisième FIV mais je pense davantage à notre futur mariage, j’ai la tête dans les nuages, peu importe au final ce qu’il se passera, c’est lui qui compte… Si cette FIV ne marche pas, j’aurai un beau projet auquel me raccrocher en attendant la dernière tentative qui se rapproche inexorablement… Je commence même doucement à envisager l’adoption…

Mars 2014, le fameux protocole long commence. Au lieu d’avoir le protocole moderne, plus léger de quinze jours de piqûres, on passe sur l’ancien protocole, souvent mal supporté et surtout beaucoup plus lourd… Je n’ai pas vraiment d’inquiétudes, j’en ai vu d’autres, ça va aller !

On commence donc par une piqûre qui bloque les hormones pendant un mois pour mettre mes ovaires au repos total, avant de commencer les piqûres quotidiennes. Une seule et unique piqûre qui va me plonger au fil des jours dans une profonde tristesse, j’ai du mal à rester à la surface, je me sens couler… J’essaie de me débattre, je me motive c’est juste pour quelques semaines, je continue de travailler, j’essaie de garder le contrôle mais c’est trop dur, j’ose à peine dire ce qu’il se passe tellement je ne comprends pas moi-même ce qui m’arrive…

Enfin le mois est écoulé, je n’ai jamais autant attendu les piqûres quotidiennes pour enfin en finir avec cette FIV ! Rendez-vous de contrôle avec le médecin du Cecos, c’est la douche froide… La piqûre n’a pas été suffisante, mes ovaires ne sont pas bloqués… Il faut donc en refaire une, décaler la stimulation d’un mois… Je m’effondre dans son bureau, je ne peux plus, je suis à bout, tellement triste, je ne me reconnais plus… Olivia G. me rassure, c’est normal, je suis en ménopause artificielle, dans mon cas le médicament me plonge en dépression, mais c’est juste la piqûre, ce n’est pas la réalité, tout rentrera dans l’ordre dès la stimulation, il faut tenir, juste un mois !…

« Ils vécurent heureux… Et… »

Ce mois est un enfer, je pleure tous les jours, sans cesse, sans savoir pourquoi, j’ai l’impression de ne plus avoir de carapace, je n’arrive plus à prendre du recul, ni à relativiser ou me motiver, je perds le goût de tout… Thomas est là, si présent, si démuni… j’ai l’impression d’être un poids, qu’à force d’avoir tenu bon, je craque et que même sans l’effet de cette piqûre, je n’arriverai plus à remonter, je n’ai plus aucun repère… Thomas me voit si mal qu’il m’organise des week-end pour changer d’air. La fin du mois approche, j’appréhende… Et si malgré la stimulation, je ne retrouvais plus ma joie de vivre… En tous cas, mes ovaires cette fois sont bien au repos complet, nous avons le feu vert pour commencer !

Nous commençons les piqûres dans le Sud, à Saint-Rémy-de-Provence. L’infirmière est adorable mais pas très habituée au protocole, elle se trompe dans le dosage, Thomas l’arrête juste avant qu’elle ne me pique ! Sauvés !… Au bout de quelques jours de stimulation, je me sens revivre, je sors de mon brouillard et retrouve toute ma motivation, je me retrouve ! Que ça fait du bien d’être de retour !! Je fais de l’acupuncture en parallèle des piqûres, le Cecos nous dit que les chances de réussites peuvent être meilleures ! Je tente! Cette FIV doit être la bonne !

Je me mets un fond d’écran sur mon portable, il est écrit YOU HAVE TO BELIEVE, je dois y croire, j’irai au bout et je me répète que la troisième c’est la bonne ! Je cherche de l’espoir ! Ne croyant en aucun dieu, je prie l’univers, ma bonne étoile !…

Nous arrivons à la ponction, si tout se passe bien, nous ferons un transfert à J+5.

Comme le veut le protocole, nous appelons à J+2 pour savoir combien il y a d’embryons. Il n’en reste que trois… C’est très peu, ils ne veulent pas prendre le risque de tous les perdre, ils nous attendent pour un transfert immédiat de 2 embryons, le troisième ira en culture prolongée.

Nous sommes excités, heureux, on a une chance ! Je suis convaincue depuis le début qu’ils seront mieux dans mon ventre plutôt qu’en culture à l’hôpital ! Le transfert se passe à merveille, nous vivons ce moment, doux, suspendu, magique, seuls au monde… Trois jours plus tard, le Cecos appelle, le troisième embryon n’a pas tenu… Il n’y a plus que nos deux petits embryons dans mon ventre, pourvu qu’ils s’accrochent sinon ça sera la FIV de la dernière chance…

« Ils vécurent heureux… et… eurent enfin leur enfant ! »

Le 10 février 2015, tu pousses enfin ton premier cri… Ton papa et moi pleurons en te regardant, en nous regardant, cette fois, ce sont des larmes de joie. Tu es enfin là, nous avons réussi… Je peux enfin de tenir tout contre moi… Notre petit Liam… Tu es notre évidence… Nous devions traverser tout ça pour arriver jusqu’à toi, pour que ce soit toi, juste toi, ça devait être toi !…

Tout ça est si loin maintenant et si présent à la fois, je suis profondément marquée par ce parcours, je n’oublierai jamais ce par quoi nous sommes passés. Il a changé beaucoup de choses en moi, il m’a changée… Il m’a rendue plus forte et plus fragile, j’ai appris à continuer d’avancer tout en n’y croyant plus vraiment. J’aurais tout fait pour arriver jusqu’à toi !

Abandonner n’a jamais été une option, je ne pouvais pas nous faire ça, je savais que tu nous attendais, que tu comptais sur nous pour exister ! Aussi difficile que cela a été, ce sont les pires et les meilleurs souvenirs de ma vie… C’est grâce à tous ces traitements, grâce à la médecine, grâce à tous les échecs et surtout à notre amour que tous les soirs je t’entends me dire « Bonne nuit maman je t ‘aime jusqu’au ciel, aux étoiles et aux planètes quoiqu’il arrive » !…

« Qu’on me donne l’obscurité puis la lumière… »

Après la naissance de Liam, je suis sur un nuage, la vie est douce, si douce… Je vis la vie dont j’avais tant rêvée ! Je sais déjà au fond de moi que je ne pourrais pas le laisser à la fin du congé maternité. Nous en discutons de longues heures avec Thomas, nous faisons nos calculs, nous abandonnons le projet mariage pour quelques années, notre choix est fait mais il faut sauter le pas, je vais arrêter de travailler ! Je veux le voir grandir, profiter de chaque instant, vivre ma vie de maman pleinement ! Je me le dois, je l’ai mérité ! Nous n’aurons probablement que lui, je ne veux rien rater !

Je me suis toujours dit que je voulais avoir mes enfants avant nos trente ans, nous aurons notre bébé sur les genoux pour souffler nos bougies !! Quel merveilleux cadeau !…

Mais parfois tu ne sais pas pourquoi, la vie s ‘amuse à te jouer des tours… Liam a cinq mois quand je tombe enceinte naturellement… Inimaginable, incroyable, impensable… Après court moment de panique, nous nous réjouissons ! La chance nous sourit, on prend !! Mais j’ai un mauvais pressentiment… Quatre Septembre 2015, jour de mon anniversaire, de mes trente ans, jour de fête tant attendu … je fais une fausse couche… C’est cruel, vraiment cruel, pourquoi ce jour là… Nous avons deux fêtes prévues, l’une avec notre famille, l’autre avec les amis, tout est acheté et nous ne sommes pas prêts à en parler, nous sourions pour les photos et faisons bonne figure le cœur lourd… Nous nous consolons juste nous deux, je me remets doucement, je profite de mon bébé qui lui est bien là ! Thomas retient que ça a marché ! Que ça peut de nouveau marcher… Je ne sais pas si je pourrais vivre une autre fausse couche, je préférerais laisser un peu de temps… ne plus avoir à souffrir… Il me dit que la prochaine fois on aura notre bébé… ! Il est tellement optimiste, c’est ok pas de pause juste au cas où…

Et il avait raison… Un soir de Novembre 2015, deux mois après, je lui offre enfin ce test de grossesse positif… ce dont j’avais toujours rêvé, lui offrir la surprise, voir le bonheur dans ses yeux !! Cette fois là, nous y avons cru tout de suite, nous étions certains que tout se passerait bien !… Notre petite Olivia est née neuf mois plus tard ! Aujourd’hui, quand je la regarde, je me dis qu’il n’y avait qu’elle pour s’accrocher comme ça, déjouer la nature et arrivait avec le doux soleil d’un petit matin d’été… ♥♥

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4 Commentaires

  • Reply
    Melanie Vard
    1 novembre 2020 at 8:44

    Bonsoir, 1ere fois que je laisse un message sur un blog…🤗 jai lu votre recit entier, qui m’a emu aux larmes, fais doucement sourire aussi car je me retrouve a plusieurs reprise dans votre parcours…. merci pour ce partage si touchant…🙏🙏🙏 je decouvre votre blog et vais prendre plaisir jen sure a vous suivre. 😉 A bientot (maman dune petite margot 22 mois née suite TEC de la fiv 3)

    • Reply
      Tiffany Cres
      6 novembre 2020 at 2:07

      Merci beaucoup Mélanie! Ton message me touche beaucoup !! je suis heureuse que tu aies toi aussi eu ton bébé miracle !! je te souhaite le meilleur maintenant dans ta vie de maman!!

  • Reply
    Maryline
    14 juillet 2021 at 5:39

    Magnifique témoignage, votre récit est poignant, vous écrivez vraiment bien, j’ai été très touchée par votre histoire et vous dis un grand bravo pour tout l’amour et le courage dont vous avez su faire preuve en des moments si difficiles. J’ai 6 enfants, je n’ai pas connu votre combat pour enfanter mais il aurait pu être le mien tellement j’avais cette vocation de devenir maman, comme vous. Mes deux petits derniers ont 18 mois d’écart aussi, c’est du sport mais quel bonheur ! Bravo aussi pour ce blog, avec des articles remplis d’astuces et de sagesse, je m’en vais regarder votre e-shop, bonne continuation de super mum all day !

    • Reply
      Tiffany Cres
      16 septembre 2021 at 2:21

      Merci tellement pour ces mots qui me touchent énormément! A très vite j’espère!

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